UNE TENTATIVE DE MEURTRE EN 1885
LE PETIT STEPHANOIS
Jeudi 2 avril 1885
Lyon, Tentative de meurtre,
Le sieur Riffard, chef de gare à Bessenay, qu'on avait cru jusqu’à présent victime d'une odieuse agression, vient d'être arrêté comme coupable d'avoir trompé la justice et d'avoir imaginé un attentat qui n'a jamais eu lieu.
En entendant le juge d'instruction lui déclarer qu'on allait l'écrouer, Riffard a tiré un revolver et visé M. Bérard, substitut, ancien substitut à Saint-Etienne. Le greffier a pu désarmer à temps l'agresseur, qui a été écroué à Saint-Paul. Riffard a des mauvais antécédents.
LE TEMPS 15 mai 1885
Lyon,
Le chef de gare de Bessenay. Notre correspondant de Lyon nous écrit à la date d'hier ; Aujourd'hui est venue devant la cour d'assises du Rhône une affaire intéressante et qui a eu un certain retentissement.
Le 7 mars dernier, au matin, le sieur Riffard, chef de gare à Bessenay (Rhône) faisait connaître que, la veille au soir, il avait été assailli par trois individus qui, après l'avoir terrassé, l'avaient frappé de deux coups de couteau, puis les agresseurs, le laissant étourdi sur le sol, s'étaient emparés d'une petite caisse contenant 1 300 fr et avaient disparu. Le même jour, cette caisse, fracturée, était retrouvée dans un pré, à une courte distance de la gare.
Une enquête fut aussitôt ouverte; mais bientôt de graves présomptions firent peser les soupçons sur Riffard lui-même. L'invraisemblance de son récit, le retard inexplicable apporté par lui à prévenir les voisins, la nature de la blessure reçue donnèrent à supposer que Riffard était lui-même l'auteur des violences qu'il prétendait avoir subies et dont le but était de dissimuler le vol.
En présence des constatations, l'accusé fit des demi-aveux. Tout en continuant à soutenir qu'il avait réellement été attaqué et volé, il déclara qu'ayant eu peur de recevoir des reproches de la Compagnie pour n'avoir pas su mieux défendre sa caisse, il avait songé à grossir le danger couru par lui, et pour cela, il avait agrandi la déchirure produite par le seul coup de couteau qui lui avait été porté et fait une seconde déchirure pour simuler un second coup.
Malgré toutes les charges, Riffard fut cependant laissé quelques jours en liberté. C'est alors que, sentant les soupçons s'amasser sur sa tête, il essaya de l'intimidation pour obtenir des médecins experts des déclarations favorables. Il écrivit aux docteurs Lacassagne et Fontan des lettres contenant des menaces de mort au cas où leurs rapports contribueraient à le déshonorer; le lendemain, il adressa à M. Bérard, substitut, une lettre des plus violentes et renfermant les mêmes menaces.
Enfin, le 31 mars, mandé dans le cabinet du juge d'instruction et apprenant qu'il allait être arrêté, il tira brusquement un revolver de sa poche et le dirigea sur M. Bérard, qui se trouvait là, mais il fut heureusement désarmé, par le commis-greffier et un garde, avant d'avoir pu tirer la baguette du barillet.
Riffard comparait devant la cour d'assises sous l'inculpation de vol, de menaces de mort et d'outrages par gestes menaçants envers un magistrat. A l'audience, Riffard maintient qu'il a été réellement volé et s'il a écrit les lettres de menace et dirigé son revolver contre un magistrat, c'est qu'il était dans un état de surexcitation qu'explique la fausse accusation dont il assure être l'objet. Les médecins experts viennent tour à tour déclarer que la blessure reçue au ventre par Riffard consistait en une simple égratignure et qu'elle n'a pu être faite que par lui.
Le jury a rendu un verdict négatif sur toutes les questions. Riffard a été acquitté et mis en liberté immédiatement,
Jeudi 2 avril 1885
Lyon, Tentative de meurtre,
Le sieur Riffard, chef de gare à Bessenay, qu'on avait cru jusqu’à présent victime d'une odieuse agression, vient d'être arrêté comme coupable d'avoir trompé la justice et d'avoir imaginé un attentat qui n'a jamais eu lieu.
En entendant le juge d'instruction lui déclarer qu'on allait l'écrouer, Riffard a tiré un revolver et visé M. Bérard, substitut, ancien substitut à Saint-Etienne. Le greffier a pu désarmer à temps l'agresseur, qui a été écroué à Saint-Paul. Riffard a des mauvais antécédents.
LE TEMPS 15 mai 1885
Lyon,
Le chef de gare de Bessenay. Notre correspondant de Lyon nous écrit à la date d'hier ; Aujourd'hui est venue devant la cour d'assises du Rhône une affaire intéressante et qui a eu un certain retentissement.
Le 7 mars dernier, au matin, le sieur Riffard, chef de gare à Bessenay (Rhône) faisait connaître que, la veille au soir, il avait été assailli par trois individus qui, après l'avoir terrassé, l'avaient frappé de deux coups de couteau, puis les agresseurs, le laissant étourdi sur le sol, s'étaient emparés d'une petite caisse contenant 1 300 fr et avaient disparu. Le même jour, cette caisse, fracturée, était retrouvée dans un pré, à une courte distance de la gare.
Une enquête fut aussitôt ouverte; mais bientôt de graves présomptions firent peser les soupçons sur Riffard lui-même. L'invraisemblance de son récit, le retard inexplicable apporté par lui à prévenir les voisins, la nature de la blessure reçue donnèrent à supposer que Riffard était lui-même l'auteur des violences qu'il prétendait avoir subies et dont le but était de dissimuler le vol.
En présence des constatations, l'accusé fit des demi-aveux. Tout en continuant à soutenir qu'il avait réellement été attaqué et volé, il déclara qu'ayant eu peur de recevoir des reproches de la Compagnie pour n'avoir pas su mieux défendre sa caisse, il avait songé à grossir le danger couru par lui, et pour cela, il avait agrandi la déchirure produite par le seul coup de couteau qui lui avait été porté et fait une seconde déchirure pour simuler un second coup.
Malgré toutes les charges, Riffard fut cependant laissé quelques jours en liberté. C'est alors que, sentant les soupçons s'amasser sur sa tête, il essaya de l'intimidation pour obtenir des médecins experts des déclarations favorables. Il écrivit aux docteurs Lacassagne et Fontan des lettres contenant des menaces de mort au cas où leurs rapports contribueraient à le déshonorer; le lendemain, il adressa à M. Bérard, substitut, une lettre des plus violentes et renfermant les mêmes menaces.
Enfin, le 31 mars, mandé dans le cabinet du juge d'instruction et apprenant qu'il allait être arrêté, il tira brusquement un revolver de sa poche et le dirigea sur M. Bérard, qui se trouvait là, mais il fut heureusement désarmé, par le commis-greffier et un garde, avant d'avoir pu tirer la baguette du barillet.
Riffard comparait devant la cour d'assises sous l'inculpation de vol, de menaces de mort et d'outrages par gestes menaçants envers un magistrat. A l'audience, Riffard maintient qu'il a été réellement volé et s'il a écrit les lettres de menace et dirigé son revolver contre un magistrat, c'est qu'il était dans un état de surexcitation qu'explique la fausse accusation dont il assure être l'objet. Les médecins experts viennent tour à tour déclarer que la blessure reçue au ventre par Riffard consistait en une simple égratignure et qu'elle n'a pu être faite que par lui.
Le jury a rendu un verdict négatif sur toutes les questions. Riffard a été acquitté et mis en liberté immédiatement,