Le Parricide de BESSENAY
Il y a trois semaines, nous disions, à cette place, qu'un des arguments les plus employés par les adversaires de la peine de mort est d'invoquer « la recrudescence du crime après l'exécution capitale. »
Aujourd'hui l'argument est dépassé. Le crime n'attend pas l'exécution pour renaître. Après le parricide Chalaye condamné à mort, voici le parricide Jean-Fleury Thisy.
Dans la nuit du 22 au 23 mai 1880, les habitants du hameau de la Lérine, commune de Bessenay, étaient tout à coup réveillés par les cris : « Au secours ! Mon père est mort ! »
Jean-Fleury Thisy, jeune homme de 18 ans, était sur la porte de son habitation et déclara aux premiers arrivants que son père venait de mourir.
On pénétra dans l'intérieur de la maison, et au premier étage on trouva le cadavre de Thisy (Antoine), son père, étendu sur le plancher, la face contre terre et baigné dans une mare de sang.
Antoine Thisy avait le crâne fracassé. Le fils racontait qu'il venait de rentrer et avait trouvé son père dans cet état.
Interrogé et vivement pressé par le juge d'instruction, Jean-Fleury ne tarda pas à avouer qu'il était l'auteur de l'assassinat.
Voici de quelle façon on peut reconstituer la scène du crime.
Jean-Fleury couche dans une écurie attenante à la maison de son père. La nuit, il s'est levé, et appliquant une échelle au mur, il a pénétré dans la chambre en faisant sauter le volet de la fenêtre.
Le vieillard était endormi. Armé d'un presson en fer, le fils a voulu assommer sa victime. Au premier coup, Antoine Thisy s'est redressé et a voulu résister à l'assassin. Agé de 60 ans, mais habitué aux rudes labeurs, Antoine Thisy était vigoureux. La lutte a dû être vive.
Le parricide a avoué qu'il avait assassiné son père pour en hériter. Le misérable est écroué à la prison St-Paul.
Des rumeurs monstrueuses circulent et prennent de la consistance. Jean-Fleury serait doublement parricide. Il y a trois mois, il aurait assassiné si mère. Pour éloigner la honte de sa famille, le père aurait gardé le silence. L'exhumation du corps de la défunte n'a pas été ordonnée par le parquet.(voir plus loin)
Aveux du parricide
En quittant la maison paternelle- Jean Fleury Thisy a fait en présence du maréchal-des logis Benollet et des frères de la victime, l'aveu complet de son horrible forfait, dans les termes suivants:
« Dans la nuit du 22 au 23, vers onze heures du soir, je me suis levé dans l'intention d'assassiner mon père pour le voler et devenir son héritier.
« J'ai forcé à l'aide d'un tournevis le volet de la chambre contiguë à celle où il couchait. J'ai cassé une vitre et j’ai fait jouer l'espagnolette.
« M'étant introduit, par la fenêtre, je me suis approché du lit de mon père qui ne s'était pas réveillé el qui ronflait, très-fort.
« M'étant assuré qu’il dormait bien, je suis sorti en suivant le même chemin pour aller chercher l'arme avec laquelle j'ai frappé.
« Je suis revenu dans la chambre et j'ai frappé mon père d'un premier coup sur la tête.
« Etourdi, mon père a sauté à bas de son lit. Il chancelait. Je l'ai de nouveau frappé de cinq ou six coups. Il est tombé alors au pied du lit pour ne plus se relever.
« Mon crime accompli j'ai pris la clef de la garde-robe où je savais que mon père renfermait l’argent. Je me suis emparé de deux porte-monnaie contenant une certaine somme d'argent. .Je les ai cachés immédiatement sous le toit du fenil.
« Après avoir fracturé la porte du meuble d'un coup de marteau pour faire croire à un vol, je suis allé me laver dans l'écurie, j'ai lavé également le marteau pour enlever les tâches de sang el faire disparaître les traces de mon crime, puis je me suis habillé. »
« J'ai ensuite crié au secours pour attirer les voisins el leur raconter que je venais, en rentrant, de trouver mon père assassiné. »
Après avoir ces aveux, M. Benollet, maréchal-des-logis fit rechercher le marteau et l'argent, qu'on trouva effectivement dans les endroits qu'avait désignés le parricide.
Titre : Les Drames illustrés : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : (Lyon)
Date d'édition : 29/05/1880
Il y a trois semaines, nous disions, à cette place, qu'un des arguments les plus employés par les adversaires de la peine de mort est d'invoquer « la recrudescence du crime après l'exécution capitale. »
Aujourd'hui l'argument est dépassé. Le crime n'attend pas l'exécution pour renaître. Après le parricide Chalaye condamné à mort, voici le parricide Jean-Fleury Thisy.
Dans la nuit du 22 au 23 mai 1880, les habitants du hameau de la Lérine, commune de Bessenay, étaient tout à coup réveillés par les cris : « Au secours ! Mon père est mort ! »
Jean-Fleury Thisy, jeune homme de 18 ans, était sur la porte de son habitation et déclara aux premiers arrivants que son père venait de mourir.
On pénétra dans l'intérieur de la maison, et au premier étage on trouva le cadavre de Thisy (Antoine), son père, étendu sur le plancher, la face contre terre et baigné dans une mare de sang.
Antoine Thisy avait le crâne fracassé. Le fils racontait qu'il venait de rentrer et avait trouvé son père dans cet état.
Interrogé et vivement pressé par le juge d'instruction, Jean-Fleury ne tarda pas à avouer qu'il était l'auteur de l'assassinat.
Voici de quelle façon on peut reconstituer la scène du crime.
Jean-Fleury couche dans une écurie attenante à la maison de son père. La nuit, il s'est levé, et appliquant une échelle au mur, il a pénétré dans la chambre en faisant sauter le volet de la fenêtre.
Le vieillard était endormi. Armé d'un presson en fer, le fils a voulu assommer sa victime. Au premier coup, Antoine Thisy s'est redressé et a voulu résister à l'assassin. Agé de 60 ans, mais habitué aux rudes labeurs, Antoine Thisy était vigoureux. La lutte a dû être vive.
Le parricide a avoué qu'il avait assassiné son père pour en hériter. Le misérable est écroué à la prison St-Paul.
Des rumeurs monstrueuses circulent et prennent de la consistance. Jean-Fleury serait doublement parricide. Il y a trois mois, il aurait assassiné si mère. Pour éloigner la honte de sa famille, le père aurait gardé le silence. L'exhumation du corps de la défunte n'a pas été ordonnée par le parquet.(voir plus loin)
Aveux du parricide
En quittant la maison paternelle- Jean Fleury Thisy a fait en présence du maréchal-des logis Benollet et des frères de la victime, l'aveu complet de son horrible forfait, dans les termes suivants:
« Dans la nuit du 22 au 23, vers onze heures du soir, je me suis levé dans l'intention d'assassiner mon père pour le voler et devenir son héritier.
« J'ai forcé à l'aide d'un tournevis le volet de la chambre contiguë à celle où il couchait. J'ai cassé une vitre et j’ai fait jouer l'espagnolette.
« M'étant introduit, par la fenêtre, je me suis approché du lit de mon père qui ne s'était pas réveillé el qui ronflait, très-fort.
« M'étant assuré qu’il dormait bien, je suis sorti en suivant le même chemin pour aller chercher l'arme avec laquelle j'ai frappé.
« Je suis revenu dans la chambre et j'ai frappé mon père d'un premier coup sur la tête.
« Etourdi, mon père a sauté à bas de son lit. Il chancelait. Je l'ai de nouveau frappé de cinq ou six coups. Il est tombé alors au pied du lit pour ne plus se relever.
« Mon crime accompli j'ai pris la clef de la garde-robe où je savais que mon père renfermait l’argent. Je me suis emparé de deux porte-monnaie contenant une certaine somme d'argent. .Je les ai cachés immédiatement sous le toit du fenil.
« Après avoir fracturé la porte du meuble d'un coup de marteau pour faire croire à un vol, je suis allé me laver dans l'écurie, j'ai lavé également le marteau pour enlever les tâches de sang el faire disparaître les traces de mon crime, puis je me suis habillé. »
« J'ai ensuite crié au secours pour attirer les voisins el leur raconter que je venais, en rentrant, de trouver mon père assassiné. »
Après avoir ces aveux, M. Benollet, maréchal-des-logis fit rechercher le marteau et l'argent, qu'on trouva effectivement dans les endroits qu'avait désignés le parricide.
Titre : Les Drames illustrés : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : (Lyon)
Date d'édition : 29/05/1880
PUBLIE dans le journal de Georges Clémenceau et de Camille Pelletan "LA JUSTICE" en date du 29 juin 1880
Ci-dessous texte de l'article paru dans le journal "La Justice"
Le parricide de Bessenay.
Nous recevons les détails suivants sur le double parricide commis à Bessenay (Rhône) et dont le premier était resté jusqu'à ce jour ignoré.
Nous racontions, il y un mois environ, que le nommé Jean-Fleury Thisy, âgé de dix-neuf ans, du lieu-dit "la Lérine" assassinait son père dans des conditions atroces. Le malheureux vieillard avait été retrouvé la tête broyée... Arrêté et interrogé, Thisy faisait, après quelques hésitations, des aveux complets. La rumeur publique accusait ce fils dénaturé d'avoir également assassiné sa mère le 19 février dernier.
La femme Thisy avait été trouvée dans Je foyer de la cheminée de sa cuisine ; on avait pensé tout d'abord que cette malheureuse femme était tombée accidentellement dans les flammes et n'avait pu se relever. Après les aveux de Thisy, la justice a cru devoir procéder à une information sur la mort de sa mère.
L'exhumation du cadavre de la femme Thisy a eu lieu hier en présence de son fils. Le couvercle est relevé et le cadavre apparaît. La tête est horriblement brûlée. Le corps n'est pas décomposé. Thisy, qui est placé au premier rang, ne dit pas un mot.
On lui demande s'il reconnaît sa mère. Il garde le silence. On lui montre alors un scapulaire et un petit livre qui avaient été enfermés dans le cercueil.
Il déclare les reconnaître ; il ajoute que c'est sa tante qui a eu le soin pieux de les placer à côté du cadavre de sa mère. Thisy se met ensuite à genoux et se cache le visage avec les mains. Ï1 a l'attitude d'un homme qui pleure. Mais ses larmes ne coulent point.
Après cette confrontation qui a lieu sans résultat, Thisy, laissé aux mains de la gendarmerie, a fait au maréchal des logis Benollet des aveux complets qui ont été entendus de personnes se trouvant à côté de sa cellule.
J'ai essayé, a dit Thisy, d'attirer ma mère dans la cour en lui disant que j'avais soif et qu'il fallait aller chercher de la piquette. Elle a refusé, je l'ai « riquée ». Ce mot caractéristique et imagé signifie heurteur. Quand les chèvres luttent entre elles à coups de cornes, dans le pays on dit : les chèvres ont « triqué ».
Alors, dit Thisy, j'ai cru ma mère morte et je l'ai précipitée dans le feu, la tête en avant. Je l'ai fouillée. Elle avait un porte-monnaie contenant 1 fr. 40. J'ai pris l franc, j'ai remis les 40 centimes dans le porte-monnaie et je l'ai replacé dans la poche de la robe. Ensuite, j'ai appelé au secours et je suis allé chercher mon père aux champs, en continuant à appeler â l'aide.
Le parricide de Bessenay.
Nous recevons les détails suivants sur le double parricide commis à Bessenay (Rhône) et dont le premier était resté jusqu'à ce jour ignoré.
Nous racontions, il y un mois environ, que le nommé Jean-Fleury Thisy, âgé de dix-neuf ans, du lieu-dit "la Lérine" assassinait son père dans des conditions atroces. Le malheureux vieillard avait été retrouvé la tête broyée... Arrêté et interrogé, Thisy faisait, après quelques hésitations, des aveux complets. La rumeur publique accusait ce fils dénaturé d'avoir également assassiné sa mère le 19 février dernier.
La femme Thisy avait été trouvée dans Je foyer de la cheminée de sa cuisine ; on avait pensé tout d'abord que cette malheureuse femme était tombée accidentellement dans les flammes et n'avait pu se relever. Après les aveux de Thisy, la justice a cru devoir procéder à une information sur la mort de sa mère.
L'exhumation du cadavre de la femme Thisy a eu lieu hier en présence de son fils. Le couvercle est relevé et le cadavre apparaît. La tête est horriblement brûlée. Le corps n'est pas décomposé. Thisy, qui est placé au premier rang, ne dit pas un mot.
On lui demande s'il reconnaît sa mère. Il garde le silence. On lui montre alors un scapulaire et un petit livre qui avaient été enfermés dans le cercueil.
Il déclare les reconnaître ; il ajoute que c'est sa tante qui a eu le soin pieux de les placer à côté du cadavre de sa mère. Thisy se met ensuite à genoux et se cache le visage avec les mains. Ï1 a l'attitude d'un homme qui pleure. Mais ses larmes ne coulent point.
Après cette confrontation qui a lieu sans résultat, Thisy, laissé aux mains de la gendarmerie, a fait au maréchal des logis Benollet des aveux complets qui ont été entendus de personnes se trouvant à côté de sa cellule.
J'ai essayé, a dit Thisy, d'attirer ma mère dans la cour en lui disant que j'avais soif et qu'il fallait aller chercher de la piquette. Elle a refusé, je l'ai « riquée ». Ce mot caractéristique et imagé signifie heurteur. Quand les chèvres luttent entre elles à coups de cornes, dans le pays on dit : les chèvres ont « triqué ».
Alors, dit Thisy, j'ai cru ma mère morte et je l'ai précipitée dans le feu, la tête en avant. Je l'ai fouillée. Elle avait un porte-monnaie contenant 1 fr. 40. J'ai pris l franc, j'ai remis les 40 centimes dans le porte-monnaie et je l'ai replacé dans la poche de la robe. Ensuite, j'ai appelé au secours et je suis allé chercher mon père aux champs, en continuant à appeler â l'aide.
Ci-dessous acte de décès de ces deux personnes, avec mention de coups pour son père et de brûlures pour sa mère
RECENSEMENT DE BESSENAY EN 1876 ( POPULATION EPARSE PAGE 16 / 22)